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10 septembre – 29 octobre, 2022

Escalade

Photos par Mike Patten

De l'artiste

Les thèmes abordés dans cette exposition découlent d’un désir d’étendre le vocabulaire de ma peinture tout en formant une métaphore du chaos de la vie contemporaine.

Le titre, Escalade, a des fonctions différentes et complémentaires en anglais et en français.

En continuant de peindre, au fil des années, le médium pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Le titre fait référence à ma tentative de surmonter ces difficultés par l’expansion de mon langage pictural. Le titre fait également référence à l’escalade des crises dans le monde en général. Il s’agit d’une situation globale dans laquelle je suis une petite personne qui essaie de faire son chemin.

Concrètement, le titre fait également référence à une stratégie que j’ai adoptée dans un certain nombre de ces peintures. Il s’agit de réexaminer de très petites peintures et d’en produire des versions plus grandes. Cela permet de comprendre quand quelque chose fonctionne, pourquoi cela fonctionne. Il est plus facile de s’engager dans l’expérimentation et l’innovation à petite échelle. L’agrandissement des tableaux m’oblige à réaliser des versions plus flagrantes de mes propres idées, et à les modifier quand c’est nécessaire. Cette expérience a également fonctionné à l’occasion en sens inverse, lorsque j’ai peint le panneau central de Small Ragged Gloves Triptych après avoir terminé le plus grand.

Bien que je les considère comme des paysages, les peintures fonctionnent également comme des portraits et des natures mortes. On y trouve des éléments de ces trois genres. Les reconnaître est une question d’interprétation, et cette interprétation repose sur une ambiguïté d’échelle. Une forme végétale peut représenter un arbre, une plante, un geste de peinture ou une petite partie du visage d’une personne. Cette préoccupation pour le changement d’échelle est parallèle à l’expérience de la vie, dans laquelle les tâches de notre vie quotidienne peuvent être relativement simples, mais elles ne peuvent être dissociées du tableau plus large de la crise climatique, de l’inégalité et de la désintégration de la structure sociale. Les peintures ne sont pas un commentaire social direct, mais elles contiennent une contemplation de la période dans laquelle je peins. J’espère qu’en regardant ces tableaux, le spectateur gardera le sens des deux échelles, de nos vies intimes face au macrocosme de notre époque.

Les cycles de la matière

par Marie-Anne Letarte

La première chose qui frappe dans les tableaux de Berry, c’est la multiplicité des éléments qui s’y entremêlent, comme dans une chorégraphie organique. Ces décors surréalistes baignent dans une lumière chaude qui rappelle celle des tableaux de l’école flamande qu’affectionne Berry. Le filtre lumineux et doux qui convertit sa palette en camaïeux de verts et de jaunes leur confère une certaine nostalgie, adoucissant les contours des objets disposés avec un certain recul.

Que se passe-t-il dans ces tableaux ? Au premier coup d’œil, on associe les formes à des objets connus : arbustes, bâtons, câbles, cocons, sphères… Des personnages ou des parties de corps humains surgissent parfois : mains recouvertes de verdures, langue hérissée, homme de paille. Dans un second temps, on se prend à imaginer des récits émanant de ces formes, on cherche les raisons de leur présence et leur signification. Les tableaux de Berry renferment une infinité d’histoires qui se trament entre rêve et cauchemar, dans une atmosphère où l’absurde se fait vaguement angoissant. Ces compositions labyrinthiques se présentent comme des lieux hantés par l’émotion, et l’anxiété qui les habite contribue à leur mystère.

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Berry aime jouer avec l’opposition entre la dimension représentative de la peinture et la matérialité de la toile et des pigments. « Je suis attirée par le caractère tangible de la peinture, lorsqu’elle prétend être autre chose que ce qu’elle est, par exemple un lieu, un portrait ou un arrangement d’objets sur un plan. Lorsque l’évidence de la vérité et le mensonge du médium oscillent entre la fabrication incontestable et la représentation prétendue, c’est cela qui me plaît le plus. »

Berry crée une atmosphère de suspense tout en abordant la représentation de manière ludique. Cette recherche d’équilibre transparaît dans les prouesses techniques de l’artiste qui, par le maniement délicat des pinceaux, la perfection des dégradés et la richesse de la pâte, réussit à créer une harmonie feutrée contenant les peurs ou les inquiétudes que peuvent susciter certaines représentations étranges. Toutes les œuvres de Berry contiennent des éléments qui changent de position, contribuent à créer une forme ou, inversement, sont en train de se défaire pour réapparaître sous une autre forme. 

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Riche et complexe, l’univers de Judith Berry se nourrit ainsi d’introspections, de réflexions et d’explorations ludiques. Il s’intéresse en définitive au domaine des relations humaines qu’il évoque dans un cosmos à l’image de notre univers naturel. Pour la fascination de notre regard, Berry déploie devant nous une vision métaphorique des cycles qui naissent et renaissent dans les mouvements de la matière et du vivant.

Expositions précédentes

En attente du printemps
Galerie McClure
Westmount, QC
Mars, 2021

London Art Fair
Art Projects, Solo Exhibition
London, UK,
Janvier, 2020