Mes tableaux sont avant tout des paysages. Récemment, ces paysages me sont apparus plus manufacturés qu’organiques. À première vue, le sujet des œuvres semble monumentale, mais à bien les regarder, il pourrait être plus petit, plus gérable, tels des objets posés sur une couverture ou des figures jonchant un tapis. Ces formes apparaissent palpables malgré leur échelle ambiguë.

Les toiles sont composées à partir d’une perspective semi-aérienne et les formes dépeintes sont généralement représentées dans leur tridimensionnalité. Chaque pièce déploie une technique illusoire propre à la peinture traditionnelle. Néanmoins, en examinant bien les œuvres, les formes représentées n’ont l’air composées de rien d’autre que de peinture et autres matériaux de même famille, comme de l’argile. Ces compositions abstraites qui se soulèvent quelque peu au-dessus de la dimensionnalité des formes en aplat réfèrent à une multitude de choses.

Bien que je considère toujours ces œuvres comme des paysages, elles ne se dressent pas souvent d’herbes, d’arbres, ou d’eau. Le sol de la peinture est simplement peinture. Elle entortille et transforme, se changeant tour à tour en édifices, en cibles, en cordes, en bâtons, en vers, en cônes, en nuages, en bulles, ou bien en zones de couleurs. Le sol est un élément peu fiable pris dans l’effervescence de son auto-transformation. Il y a toujours un sentiment de mouvement dans les œuvres qui défient le poids et la solidité apparente des objets représentés. Ce sont des œuvres qui utilisent le langage de la peinture abstraite pour interroger la nature même de la représentation.